Les fidèles du Boukornine

samedi 28 novembre 2009

L’esprit de l’aïd expliqué aux plus petits (et éventuellement aux nuls)



«L’aïd el kebir » autrement appelé la grande fête ou fête du sacrifice.
Qu’importe quelle nomenclature est plus d’usage.
Ce moment privilégié de la vie de tout musulman même des plus démunis d’entre eux. Vu que L’islam incite à l’entraide et aux offrandes qui permettent de faire des malheureux en ce jour une infime partie de la communauté.

Oui !
Seulement en théorie !
Parce qu’avec des moutons de « petit calibre » à 500 dinars valant presque plus que leur pesant d’or, on ne peut pas dire que c’est une fête accessible à tout bon musulman, ou à toutes les bourses quelque soit le degré de piété.

Je cite à titre d’exemple le cas de Skander, un jeune diplômé chômeur avec son quotidien morose et sa vie d’un ennui placide.

Quand je l’ai croisé, le jour de l’aïd, il était attablé, le regard vide, autour d’un verre de capucin à trois cents millimes acheté avec des facilités de paiement, dans un des cafés hammamlifois les plus connus vu que d’un point de vue purement géographique, on ne pouvait vraiment pas le rater.
Se situant en plein rond-point de la ville d’Hammam-Lif à savoir le centre de gravité de cette petite ville fort sympathique mais engloutissant, je le reconnais, un tas de cas sociaux et de peines ancrées.


Il passait à revue tous ces aïds où ses parents lui ramenaient un mouton avec des cornes faisant un tour et demi. Il le sortait dans le quartier pour fanfaronner, étant de nature extrêmement vantard.

Quand il faisait ses études à l’IHEC de Carthage, il côtoyait les riches de la Tunisie. Il avait appris au fil des jours à partager leurs folies des grandeurs, leurs rêves incommensurables et leurs ambitions infinies.

A mesure qu’il escaladait les échelons académiques, ses rêveries enflaient.
Il se voyait déjà ministre des finances ou président de l’ONU.
Jusqu’au bien évidemment où sa maitrise est arrivée comme pour lui rappeler d’où il venait parce qu’il semblait avoir oublié avec le temps.

« Il est né pauvre, il mourra pauvre. »
C’était presque scandé en chœur le jour de sa soutenance par les présents.
Pourtant personne n’était présent puisqu’il avait opté pour l’huis-clos de crainte d’être intimidé.
Les chaises vides de la salle n’en avaient rien à balancer. Ils le narguaient.
Il était pourtant arrivé à les ignorer et à terminer son exposé en toute beauté.

Après cinq ans de ce jour fatidique, Skander s’est esseulé le jour d’un aïd où tout le monde est censé être heureux sauf lui et probablement aussi les gens qui lui ressemblent, à qui la vie ne semble pas daigner sourire.

Il est de confession musulmane certes. Mais il se permet de se poser certaines questions quant à cette fête du sacrifice.
Cette fête est le jour le plus difficile à vivre pour le jeune diplômé chômeur qui ne compte plus les mois d’oisiveté.
Il voit les gens sourire, défiler devant le boucher d’en face forts de leurs couffins qui peinent à englober toute la masse de viande qu’elles véhiculent.

Chaque coup de feuille de ce boucher d’en face est un supplice.
Pourquoi n’a-t-il pas un travail ?
Pourquoi ses parents sont morts ?
Pourquoi personne ne l’aide ?
Pourquoi ce qui est théoriquement la fête de la générosité tourne au cauchemar pour lui ?

N’ayant pas les moyens de s’offrir de la viande tout au long de l’année.
Il en est arrivé à oublier son gout.
La blague assez connue qui dit « Comment appelle-t-on les gens qui ne mange pas de viande ? Les pauvres ! », ne le fait pas sourire du tout. Bien au contraire
Il trouve qu’il aurait répondu pareil vu son expérience personnelle.

Et puis il se leva avec amertume pour mettre fin à ce calvaire saluant au passage ce tortionnaire par excellence qu’est le boucher d’en face et quitta les lieux.

Il est déjà 17 heures, cette journée est bientôt finie. Il s’en va noyer son chagrin dans un verre d’eau à la concentration surélevée de calcaire pour faire passer ces calmants qui lui permettent de vivre ou plutôt de continuer à rêver.

Puisque le rêve éveillé s’est révélé impossible.
Il est devenu réaliste et s’en remet à Morphée.
Demain, il respirera un bon coup. Il lui restera une bonne année à vivre pleinement sa misérable vie avant que la fête de la générosité ne vienne le lui rappeler.

vendredi 27 novembre 2009

Le berger et ses moutons

Je reste perplexe devant cette peuplade de moutons dirigée par un berger mal-rasé, à la mentalité carrée, à coups de bâtons pour qu’ils suivent la trajectoire qui leur est dessinée préalablement à main levée.

Ce qui expliquerait probablement les courbures imparfaites que prend naturellement cette trajectoire.

Certains moutons bêlent… d’autres pas…
Les moutons qui bêlent dérangent parce qu’ils réveillent les voisins.
Les voisins pourraient nuire à la santé d’un berger par un simple coup de fil.
Quand la nuit habille le monde, notre berger s’en va régler leurs comptes à ses brebis égarées qui ont la mauvaise idée de bêler.

Le berger ne comprend pas ce qu’ils ont, ces moutons, à bêler.
Les moutons se tuent à lui expliquer que c’est leur seule raison de vivre.
Il finit tout de même par les croire, en leur ôtant la vie en même temps que le droit de bêler.

Demain, le prétexte sera tout trouvé. Sur le certificat médical de décès, il cochera « Aïd el kébir » comme cause de décès.

Demain, des moutons périront, très peu garderont la vie sauve.
Même ceux qui ont gardé le silence tout au long de leurs vies s’en iront.
Dans deux jours, les têtes carbonisés, ils se ressembleront tous. Il ne restera plus que le berger qui n'aura aucun mal à adopter et éventuellement à battre une autre peuplade…

dimanche 22 novembre 2009

Football, sexualité et fraternité algéro-égyptienne

Je déclare solennellement à tous ceux qui ont accédé à ce billet exclusivement attirés par le terme « sexualité », qu’ils peuvent dés à présent se rhabiller et aller voir ailleurs.

C’était simplement un artifice pour faire, pour une fois, un titre captivant, aguichant, qui fait vendre comme savent si bien le faire les torchons et autres tabloïdes qui minent le monde du journalisme.

Je le reconnais mon humour peut bien s’alourdir des fois et pondre des sottises de ce genre. C’est surement mieux que beaucoup d’autres sots et qui sont en plus inconscients de leur idiotie.

La transition étant toute faite, il est naturel d’évoquer l’évènement qui a secoué le monde ces dernières semaines.

Il ne s’agit pas de la famine dans le monde, ni des innombrables mutilés de guerres ni même de la pandémie de grippe A qui commence à bien faire.

C’est, comme vous l’avez tous deviné : Le match.
ZE MATCH comme diraient nos amis français.
L’Algérie, l’Egypte, la Coupe du Monde, les médias, la guerre, Amr Adib, Ech-Chourouk algérien, le sport, la diplomatie, la politique, les mouvements de foules…

En d’autres termes, notre désarroi, nous autres arabes avec un minimum d’instruction qui voyons impuissants deux pays « frères » se jeter des pierres et des accusations invraisemblables pour un match de foot.

Des millions de gens accusés de terrorisme, des ambassadeurs rappelés, des jets de pierres.
Mais où va le monde ?

« Le football est l’opium du peuple », si Karl Marx était vivant, c’est ainsi qu’il reformulera sa célèbre expression.
Plus qu’un opium, c’est de plus en plus vers la LSD que vire le sport roi surtout dans le monde arabe.
Parce que la LSD déforme la réalité étant la substance la plus dangereuse qui soit.

Nous faisons peine à voir avec nos excès dans tout ce qui n’a pas d’importance et notre légendaire indifférence dans tout ce qui est capital pour notre existence en tant qu’êtres humains.

Les médias étrangers suivent, interloqués, l’évolution de cette guerre dont la seule origine fut un vulgaire ballon rond.

Des artistes égyptiens qui promettent de ne plus se produire en Algérie, la Fédération Egyptienne de Football qui se retire de la Fédération Nord-Africaine de Football, le journal Ech-chourouk qui déclare que huit morts algériens sont revenus du Caire à la suite des violences perpétrées par le public égyptien déchainé, des talk-shows quotidiens qui prêchent impunément la haine et la cassure orient-maghreb comme jamais auparavant. Des violences d’une infinie barbarie qui éclatent dans les deux pays à l’encontre de ressortissants qui n’ont que leurs prières pour ne pas en être atteints.

Des médias maghrébins à l’instar de Nessma TV , qui ont le mauvais gout de rétorquer.
Il y a des cons partout, mais jamais je n’aurais pu imaginer qu’il aurait pu y en avoir autant par m².

Marre d’entendre Amr Adib et consorts, marre de voir des algériens lancer des menaces aux égyptiens. Marre d’assister à une telle férocité sous le regard bienveillant de leurs sécurités nationales.

Si seulement j’avais mon mot à dire, je déclarerais ces journées comme pages noires de l’histoire arabe et bannirait le football à jamais de nos vies.
Peu importe si comme substitution, le peuple se rabatte sur les cigarettes, l’alcool ou autres produits nocifs pour la santé.
Au moins je n’aurais plus le supplice de voir les journalistes de France 24, CNN et autres sourire sournoisement en nous évoquant.

mercredi 18 novembre 2009

Finalement, ce blogging (tunisien), il en a dans le ventre !

J’ai passé un moment loin de cette blogosphère, loin de ses prises de tête, loin de ses polémiques qui ne trouvent leur valeur que dans les insultes échangées plus ou moins équitablement par des masses qui se rejoignent pour mieux massacrer.

Cependant, avec les derniers évènements, nous avons pu comprendre que cette blogosphère avait cette formidable capacité de renaître de ses cendres, de faire de sa persécution une source inépuisable d’inspiration.

Tout le monde a mis de coté ces différends qui scindaient une mini-blogosphère en de micro-blogosphères stériles et isolées.

Aujourd’hui, Tn-blogs apparaît comme retapé à neuf, séduisant, attrayant et donnant l’air d’être capable de discerner, de critiquer et par conséquent de déranger.

Il est vrai que je râle presque tout le temps, trainant malgré moi, mon sale caractère d’éternel insatisfait. Mais là, force est de constater qu’une nouvelle brise de liberté souffle sur nos blogs et nous entraine dans sa mouvance.

Bravo à tous et merci !

dimanche 15 novembre 2009

La Tunisie et la grippe A : Au diable les étudiants en médecine !



La Tunisie est l’un des pays qui prennent le plus de précautions pour essayer de limiter les dégâts de cette pandémie qui menace l’humanité.

Les tunisiens ont par exemple été privé d’aller en pèlerinage à la Mecque pour cette année.
Je tiens à saluer cette position. Aucun pays arabe n’en a eu le courage.

Cependant, il est naturel de faire bénéficier tout le personnel de santé du vaccin contre cette forme de grippe vu le risque accru de contagion quand on est en contact permanent avec des malades et d’éventuels porteurs de ce virus.

Les responsables n’étaient pas du même avis.
Les externes (étudiants en médecine qui, rappelons-le, doivent se présenter dans leurs stages respectifs six jours sur sept, de huit heures à midi et de qui on exige une présence maximale au lit du malade) ne sont pas compris avec le personnel médical. Ce qui est une aberration magistrale.

La vaccination sélective. Une nouvelle forme de ségrégation envers cette population estudiantine spécialement réputée pour ses incroyables capacités à fermer sa gueule même quand ses droits les plus élémentaires sont bafoués, en l’occurrence maintenant, celui d’apprendre, d’aider sans risquer sa vie.

A bas cette « léthargie citoyenne » !

A bon entendeur !