Les fidèles du Boukornine

jeudi 24 septembre 2009

Côtoyer la mort




Le matin d’un lundi qui ressemble drôlement au mardi qui suivra et à un mercredi ordinaire.
Le jeune stagiaire vétéran, remonte ce couloir bondé comme pas possible par des malades désespérés de voir leur plainte entendue un de ces jours.
En arborant cette blouse jadis blanche, jaunie et ternie par le poids des jours et du café et des excréments que les oiseaux se plaisaient à lui larguer de là haut…
Elle lui donnait de l’allure et même une autre dimension.
Il voyait dans leurs regards égarés, renaître un certain espoir en le voyant.
Mais il savait pertinemment qu’il ne pouvait à lui seul changer tout un système, répondre aux attente d’un peuple alors que sans juger bon de leur faire parvenir cette convicition

En entrant, il fut accueilli par un spectacle matinal des plus agréables.
Un premier cadavre et puis un autre…
Des victimes du destin.
Un jeune de 24 ans pris dans une bagarre et qui essayait tout bêtement de calmer les esprits…
Et un vieux de 72 ans qui s’excuserait presque d’avoir été aussi longtemps en vie à croire les tares qui s’entassaient sur son dossier médical depuis des décennies entières.

Et puis, ce fut chaque jour pareil.
Avec des pics d’une dizaine de morts.
On n’est ni en période de guerre ni de pandémie.
Mais, on a tout a fait le droit de mourir quand même, de se faire réanimer, intuber, ventiler, de faire un arrêt respiratoire ou circulatoire et d’avoir un certificat médical de décès remplis en bonne et due forme.
Même en période de paix.

A la longue, notre stagiaire, mi je-m’en-foutiste, mi consciencieux, en arriva à flairer la mort, à la percevoir de loin, à lui parler, seul dans le noir et aussi à la sentir mais cette dernière faculté, il ne s’en vantait pas trop, croyant fermement qu’il n’était pas le seul.


Chaque jour en apercevant les corps inanimés, il s’en allait très vite vomir sa peine, son angoisse et son profond dégout de la vie.

En vomissant, il omettait d’expulser ses questions existentielles et son mal-être.

Pourquoi vivons-nous, si c’est pour se vautrer au fond d’un couloir sous les regards désintéressé d’un corps médical qui aura tout vu et tout vécu ?

Pourquoi baisser la tête tellement de fois si une telle fin est inéluctable ?

Pourquoi se pourrir la vie de questions existentielles si on n’est même pas sûr d’exister et qu’on est au moins certain de ne pas perdurer ?

Si la vie est une maladie incurable, où trouver la force et l’envie de vivre pleinement sa maladie ?

Et les nausées repartaient de plus belles…

Il passa outre ces interrogations… Il s’efforça de sourire face à cette brune inconnue au salut matinal chaleureux et séduisant.

Mais ces efforts étaient vains.

Force était de constater, que tous ces aléas de cette maladie incurable de la vie lui prirent le sourire… et pour longtemps.

vendredi 18 septembre 2009

Sabra et Chatila… 27 ans déjà…



Pour les amnésiques ou les incultes, le 16 et le 17 septembre 1982 eut lieu au sud Liban dans les deux camps de réfugiés palestiniens Sabra et Chatila un véritable génocide.

Le nombre des victimes varie selon les estimations entre cinq cents et cinq milles.

Le jeudi 16 septembre au soir, des militaires israéliens trahissent la confiance des réfugiés palestiniens du Sud Liban dont ils s’étaient engagés sous la bienveillance américaine à assurer la protection vis-à-vis notamment des milices chrétiennes libanaises pro-israéliennes surtout que l’ambiance était pour le moins tendue…

Effectivement, encouragés par les hommes de Ariel Sharon, alors ministre de la défense, les phalangistes ont tué sans répit aucun… des hommes, des femmes, des enfants, des civiles, des combattants de l’OLP, des employés de la Croix-Rouge…

Le cauchemar se poursuivra jusqu’à samedi vers 8h du matin, au moment ou pratiquement plus aucun bébé ne pousse de cri, plus aucun homme ne gronde et plus aucune femme ne pleure sa famille partie trop tôt…

Le calme règne de nouveau sur Sabra et Chatila. Les deux scènes d’un crime ignoble tourné à huis-clos sous un ciel grisonnant avec une infaillible mise en scène signée Tsahal et pour anti-héros les Phalangistes…

Le monde entier s’indigne… Mais quand le monde s’indigne des crimes israéliens, il le fait en silence, gentiment…

La vie de plus d’un millier d’êtres humains ne vaut même pas qu’on s’y attarde…

Un peuple qui se tue à vouloir exister. Mais qu’on finit toujours par assassiner avant qu’il ne puisse y arriver.

A l’insolence et l’infinie arrogance des panthéons dans lesquels se vautrent les « grands hommes » de notre époque. Les légendes préfèrent de loin l’unité et l’humilité des fosses communes.

Ames volées, volez en toute quiétude, survolez ces terres qu’on ne vous enlèvera désormais jamais plus et n’oubliez surtout pas de reposer en paix !

dimanche 13 septembre 2009

Je pleure l'art urbain en Tunisie à commencer par ce foutu rap tunisien!

J’en arrivais même à cultiver ce rêve clandestin de faire comme mes idoles, de prendre un micro, de placer des rimes sur un rythme effréné, de faire bouger des têtes et marcher des neurones.

Encore fallait-il avoir la capacité de dire ce qu’on ne savait pas ou d’exprimer ce qu’on savait autrement pour se frayer un chemin et avoir un public qui daignera bouger la tête en écoutant.

Je m’enivrais d’écouter des chansons que beaucoup ne comprenaient pas ou n’y arrivaient tout simplement pas à discerner le moindre gout ou le soupçon d’art dans ce vacarme douloureux à entendre et indigeste pour l’ouïe.

Après tant d’années écoulées, force est de constater que le rap est resté un rêve qui a fini par régulariser sa situation dans mon esprit, au fil des années en tant qu’une ambition ô combien inaccessible.

Faire du rap ? Mais tu fais déjà médecine ?
Un médecin rappeur ! Tant que la thèse se fait attendre et qu’Hippocrate ne m’a pas obligé à suivre certaines règles à travers un serment vieux comme le monde dont l’interdiction d’allier deux boulots « contradictoires » vu qu’être médecin est jugé noble alors que faire du rap est présumé méprisable.

Pourtant, je me sens on ne peut plus tenté d’être une grosse gueule qui viendrait vomir sa haine et communiquer son spleen à des spectateurs déchainés en mal de rêve et de repères.

Ce rêve me hante toujours et même plus qu’avant… De peur que ce ne soit un regret de plus à noter sur son testament.
Surtout quand je vois où en est le rap tunisien aujourd’hui. Très loin de nous ces rappeurs aux textes qui feraient rougir un féru défenseur des classiques de la musique de variété par un niveau pratiquement littéraire comme ceux du groupe IAM, de Passi ou de MC Solaar avec ses rimes déroutantes.

Chez nous, je ne vois qu’une bande de ratés, qui crient mais ne chantent pas et même s’ils se permettent parfois de chantonner, les textes n’ont aucune portée, ou pire, des fois, ils véhiculent des idées vieilles comme le monde comme ce Balti qui nous gratifie de sa « perle » : « Okhty ». Cette chanson où il interdit presque à sa sœur d’aimer avec le ton paternaliste et avisé d’un arriéré mental.
Cependant, il faut l’avouer, il a eu par le passé des « illuminations » avec notamment un certain morceau intitulé « Pouvoir, sexe w flous »…

N’en parlons même pas du reste du troupeau qui fait mine de ne pas mâcher ses mots mais qui aurait tellement mieux fait de les remâcher voire même de les avaler pour ne pas briser un silence dont on se rend que rarement de la valeur.

Même si je désespère parfois de voir un jour ce domaine fleurir.
Un autre mouvement qui vient de naître en Tunisie bien longtemps après les states (bien évidemment), c’est bien sûr le Slam.
Cette poésie urbaine qui est encore très selecte en Tunisie. Le groupe Slam Alikom mené par le talentueux Hatem Karoui fait présager le meilleur.

« I have a dream » comme Martin Luther-King en avait un à son époque, relativement s’entend.
Si en Amérique après tant d’années le rêve de ce pasteur noir fut pulvérisé par une réalité incroyable avec l’arrivée de Obama à la maison blanche pour casser la « barack » (Pour reprendre un jeu de mots très utilisé), j’ose aspirer à percer un jour dans ce milieu et de m’accrocher à l’art pour ne briser les chaînes qui me musèlent.

Sauf qu’on dit qu’en parler porte malheur…
Tant pis, ne dit-on pas aussi que la chance, c’est pour les faibles…

lundi 7 septembre 2009

Le patriotisme à la tunisienne à travers l’exemple de l’équipe nationale de football

J’ai parlé à des individus de différentes nationalités, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, instruits ou incultes, riches ou pauvres…

Ils s’accordaient tous à vénérer leur pays d’appartenance, à aimer leur hymne national et adorer les couleurs de leur drapeau en dépit des innombrables reproches qu’ils auront à formuler quant aux différentes manières avec lesquelles il est géré.

Mais ô grand jamais, je n’ai pu comprendre comment des énergumènes comme j’en croise par centaines dans ce bled clament fièrement leur déni de leur patrie et leur haine de leurs couleurs.
Imaginez que même en regardant un match de foot d’une extrême importance dans lequel son équipe nationale est l’un des partis, on puisse s’attrister de la victoire des siens.

C’est une idée que je ne suis pas arrivé à concevoir.
Comment peut-on naître, vivre, se nourrir et à priori être destiné à mourir dans ce pays et n’avoir même pas l’infime sympathie pour cette terre ?

Quand je vois des palestiniens lutter témérairement pour que puisse exister un état palestinien…
Quand je vois comment des libanais sont bombardés nuit et jour, perdent des êtres chers et ne pensent même pas à s’exiler pour fuir le massacre…

Dés que tu parles à un tunisien lambda, au-delà de son irrésistible envie de quitter le territoire national, il arrivera très rarement à s’opposer à cet appétit gargantuesque d’injurier son propre pays.

Pire encore, n’a-t-on pas entendu parler de cette pièce de théâtre tunisienne dans laquelle la réplique dénigrant la nation « dinomm hal bléd » soit accueilli avec des acclamations à tout rompre d’un public en mal d’insultes vis-à-vis de son bled.

De quel patriotisme parlons-nous donc ?

Le patriotisme est une idée désuète dans nos contrées, un fantasme que le peuple ne pourrait jamais assouvir, une légende selon laquelle un jour on a pu aimer ce pays dont l’histoire est toutefois riches en pages dorées.

Pourtant, des gens sont morts pour offrir l’indépendance aux tunisiens.

Des hommes ont laissé leurs familles et se sont isolés dans les montagnes au péril de leurs
vies et ont été baptisé les « fellagas » pour que je puisse aujourd’hui fredonner impunément une chanson des Beatles.

Que l’on s’obstine à vénérer « Ettalien » et à cultiver ce rêve inaccessible de bonheur et de succès, on pourrait très bien comprendre en voyant les conditions dans lesquelles vivent certaines familles mais qu’on en arrive à haïr le pays et à ne voir aucun charme dans le drapeau couleur sang flanqué d’une étoile et d’un croissant, c’en devient sérieusement révoltant !

jeudi 3 septembre 2009

La guerre divine

Je combats au nom de Dieu le tout puissant.
Dieu ne me l’a pas demandé, mais je suis sûr que si on avait une petite discussion création-créateur, il m’encouragerait à y déployer tout mon génie.

J’insulte les mères de ceux qui ne sont pas d’accord. Les pères aussi y passent. Parfois les sœurs tant qu’on y est.
Surtout quand l’ennemi est orphelin. Les affronts sont alors plus exquis.

Depuis que j’ai connu l’islam. Je vis en paix avec moi-même. J’ai enfin connu la quiétude. Dieu m’a promis soixante-dix vierges.
Par contre, je me fais un sang d’encre pour corriger mon environnement à coups d’acide chlorhydrique, de crachats et d’urines avec lesquels je couvre les mécréants.

Je mène la guerre sainte et même si je meurs, j’aurais le rang tant prisé de martyr et je me gaverais de Boukha et forniquerais à longueur de journées avec uniquement des vierges dans mon harem.

Je ne cesse de sensibiliser le monde contre les dangers de cette laïcisation dont les méprisables défenseurs se multiplient à vue d’œil.

Je méprise les avis qui me contredisent et vois en l’islam l’unique voie du salut. Dans le cas contraire, ces athées trépasseront par mes soins et périront en enfer éternellement.

Il est vrai que je n’ai jamais lu le coran, je n’ai même jamais prié mais je crois savoir que l’esprit de l’islam est en moi. La preuve en est, cette barbe que je me laisse pousser depuis plusieurs années.


Au nom de la laïcité et de la liberté d’expression, je combats l’islam et son Dieu le tout puissant.
L’audition de versets coraniques provoque en moi une éruption cutanée allergique.
Je crois dur comme fer que tous les croyants sont des idiots qui n’ont pas su comprendre qu’on n’est que le fruit du hasard, ou pire encore des faibles qui se laissent docilement guider par les règles puériles d’une religion absurde.

Je lève mon verre de whisky en plein mois saint du ramadan pour provoquer ce troupeau dont les cerveaux sont en veille depuis leur naissance.

J’insulte la religion et clame mon soutien à tous les mouvements anti-islam.
Traite inconditionnellement les filles voilées de putes coincées qui ont peur de saluer de la main un homme de peur d’être envahies par un plaisir interdit.

Je hais cette religion. Je mets en garde contre l’islamisation de cette population et ses dangers.
J’y vois la fin de la civilisation.

Je clame forniquer et me saouler à longueur de journées et me moque éperdument de tous ceux qui s’en abstiennent pour des promesses que personne ne saurait leur garantir.

Je crois détenir la vérité et rit à me tordre le cou en voyant les autres se prosterner.
Je me fous de heurter la sensibilité de quiconque, je suis dans un pays libre et je me permets penser ouvertement !





Entre ces deux extrêmes je peine à trouver lequel des deux nous mènera plus vite à notre perte. Mais je suis au moins sûr que les deux combinés nous y guideront beaucoup plus simplement.

mercredi 2 septembre 2009

زبلة البلوغوسفير



توا مديدة كبيرة، البلوغوسفير تفتقت من بعضها. انقسامات، سبان، إتهامات، خلافات.
يا تكون من الحرافيش يا تكون من الناس إلي يفهمولها في كل شيء ويعرفوا الباهي والدوني وعندهم الحق يسبوا بإسم الدفاع على كرامة الشعب والهوية.

يا حسرة على بلوغوسفير زمان إلي كانت الحملات على عمار وغيرو وراء بعضهم والناس تنقش النقشة تلو الأخرى.

كانت بلوغوسفير عندها دور في تونس. توصل المعلومات للشعب، تساهم في محاربة التعتيم إلي مغروم بيه اعلامنا العزيز الغالي.

تبقى نهارين غايب ترصيلك سويعتين تقرأ وتتبنن.

توا تغيب حتى جمعتين، كي تجي، تحمد ربي ما خلطتش على الخرم والتفاهات.

هذا م
وش وقوف على الأطلال، خاطر مازال الخير في الدنيا. وروح التدوين مازالت ما طلعتش نهائياً إلى الرفيق الأعلى.

أما هاو رصاتنا في مصب الزبلة متاع البلوغسفير، نفرزو والريحة قاتلتنا. أهوكة مرة بعد قداش نطيحوا بقطعة ما صارتش.
والفائدة في آخر الأمر واحد يكون راضي على إلي يكتب فيه.